Rencontré de plus en plus fréquemment dans les sphères afro-féministes des réseaux sociaux, le terme “Misogynoir” a déjà 11 ans. Utilisé pour la première fois sur le blog américain Crunk Feminist Collective par Moya Bailey, il décrit la misogynie dirigée spécifiquement vers les femmes noires.
La misogynoir aux Etat-Unis
A l’origine, la réflexion de Moya Bailey portait principalement sur le sexisme subi par les femmes noires dans le hip-hop. Puis peu à peu, le terme “misogynoir” a été repris par les afro-féministes noires américaines dans de nombreux blogs.
Bien que le terme regroupe toute forme de misogynie à l’égard des femmes noires, il dénonce principalement celle provenant des hommes noirs. En effet, aux États-Unis, la considération de la femme noire par l’homme noir est un réel problème de société.
Un exemple parfait de cette détestation à l’égard des femmes noires par certains hommes afro-américains: le très controversé Tommy Sotomayor. Cet animateur de radio afro-américain publie régulièrement des vidéos dans lesquelles il critique les femmes noires.
D’une manière générale, la misogynoir se définit par l’ensemble des stéréotypes et fanstames projettés sur la femme noire. Ces idées selon lesquelles les femmes noires seraient “plus fortes, “plus sauvages”, “plus sexy” ont souvent des conséquences négatives sur leur quotidien.
Un exemple de conséquence négative: des études démontrent que les femmes noires sont traitées avec moins de délicatesse par le corps médical.
En effet, considérées comme plus résistantes, les infirmières les traiteraient avec moins d’empathie.
La misogynoir en France
En France, aujourd’hui, il est difficile de passer à côté du terme misogynoir au cœur du militantisme anti-raciste.
Toutefois, les afro-féministe se heurtent souvent à une l’incompréhension des mouvements anti-racistes plus généralistes. En effet, on leur reproche souvent d’opposer à nouveau les genres au détriment d’un combat autour de la question raciale.
Ces cris de dénonciation d’un sexisme racisé oppose principalement les femmes noirs aux hommes noirs… mais pas uniquement.
En effet la misogynoir ne provient pas que des hommes, mais également des femmes noires dont les représentations d’elles-mêmes et de leurs semblables peuvent alimenter les stéréotypes existants.
En outre, l’image d’une femme noire plus féline, plus “caliente”, plus forte, est souvent considérée comme valorisante pour nombre de femmes et hommes noirs eux-même. Or, ce stéréotype peut contribuer à entériner une vision “plus animale” de la femme noire, héritée de l’ère coloniale.
Dernièrement, la parution d’une BD de Glénat intitulée Niala a fait polémique pour ces raisons.
C’est aujourd’hui que sort Niala, le torchon misogynoir dégoulinant d’imagerie coloniale, de fétichisme raciste et de pédopornographie de @GlenatBD. Comme nous pouvions nous y attendre ils n’ont pas annulé la sortie, mais le combat n’est pas terminé! Voici quelques propositions⤵️
— Idéal Anarchique (@anarchouettisme) March 10, 2021
La chanteuse Aya Nakamura s’est également exprimée sur la misogynoir dont elle est victime depuis sa notoriété.
Par ailleurs, derrière le mot misogynoir, reviennent également les questions relatives au colorisme, aux cheveux, au black love, etc…
La transmisogynoir
Bien que peu rencontré en France pour le moment, le terme “transmisogynoir” pourrait faire son apparition prochainement.
Plus employé aux Etats-Unis d’où il est originaire, il décrit le croisement entre la transphobie, le racisme et le sexisme.
A l’ère de l’élévation des voix de la communauté LGBTQ+, il est fort probable qu’il gagne progressivement du terrain sur la twittosphère francophone.